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pays mêlés où des moeurs essentiellement opposées et diverses appellent des institutions très délicatement prévoyantes.

Après avoir déjeuné dans cette capitale de l’Enfida, nous partons pour visiter un très curieux village perché sur un roc éloigné d’environ cinq kilomètres.

D’abord nous traversons des vignes, puis nous rentrons dans la lande, dans ces longues étendues de terre jaune, parsemées seulement de touffes maigres de jujubiers.

La nappe d’eau souterraine est à deux ou trois ou cinq mètres sous presque toutes ces plaines, qui pourraient devenir, avec un peu de travail, d’immenses champs d’oliviers.

On y voit seulement, de place en place, de petits bois de cactus grands à peine comme nos vergers.

Voici l’origine de ces bois :

Il existe en Tunisie un usage fort intéressant appelé droit de vivification du sol, qui permet à tout Arabe de s’emparer des terres incultes et de les féconder si le propriétaire n’est point présent pour s’y opposer.

Donc l’Arabe apercevant un champ qui lui parait fertile, y plante, soit des oliviers, soit sur-