Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/222

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la formule qui revient en toutes les prières : « Il n’y a de divinité que Dieu », en y ajoutant quelques versets dont l’ordre est le signe de reconnaissance de la confrérie.

Le néophyte, au moment de son initiation, s’appelle talamid, puis après l’initiation il devient mourid, puis faqir, puis soufi, puis satek, puis med jedoub (le ravi, l’halluciné). C’est à ce moment que se déclare chez lui l’inspiration ou la folie, l’esprit se séparant de la matière et obéissant à la poussée d’une sorte d’hystérie mystique. L’homme, dès lors, n’appartient plus à la vie physique. La vie spirituelle seule existe pour lui, et il n’a plus besoin d’observer les pratiques du culte.

Au-dessus de cet état, il n’y a plus que celui de touhid, qui est la suprême béatitude, l’identification avec Dieu. L’extase aussi a ses degrés, qui sont très curieusement décrits par Cheik-Snoussi, affilié à l’ordre des Khelouatya, visionnaires interprètes des songes. On remarquera les rapprochements étranges qu’on peut faire entre ces mystiques et les mystiques chrétiens.

Voici ce qu’écrit Cheik-Snoussi : «… L’adepte jouit ensuite de la manifestation d’autres lumières