Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/49

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leurs doigts légers les nombreux fils blancs ou noirs où pendent et dansent, dans un sautillement éternel, de courts morceaux de bois jaune. Elles sont souvent jolies, grandes et d’allure fière, mais négligées, sans toilette et sans coquetterie. Beaucoup conservent encore des traces du sang sarrasin.

Un jour, au coin d’une rue de hameau, une d’elles passa près de moi qui me laissa l’émotion de la plus surprenante beauté que j’aie rencontrée peut-être.

Sous une botte lourde de cheveux sombres qui s’envolaient autour du front, dans un désordre dédaigneux et hâtif, elle avait une figure ovale et brune d’Orientale, de filles des Maures dont elle gardait l’ancestrale démarche ; mais le soleil des Florentines lui avait fait une peau aux lueurs d’or. Les yeux – quels yeux ! – longs et d’un noir impénétrable, semblaient glisser une caresse sans regard entre des cils tellement pressés et grands que je n’en ai jamais vu de pareils. Et la chair autour de ces yeux s’assombrissaient si étrangement, que si on ne l’eût aperçue en pleine lumière on eût soupçonné l’artifice des mondaines.

Lorsqu’on rencontre, vêtues de haillons, des