Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/94

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et simple, qu’on ne pouvait placer là qu’un temple grec, et qu’on ne pouvait le placer que là. Les maîtres décorateurs qui ont appris l’art à l’humanité, montrent, surtout en Sicile, quelle science profonde et raffinée ils avaient de l’effet et de la mise en scène. Je parlerai tout à l’heure des temples de Girgenti. Celui de Ségeste semble avoir été posé au pied de cette montagne par un homme de génie qui avait eu la révélation du point unique où il devait être élevé. Il anime, à lui seul, l’immensité du paysage ; il la fait vivante et divinement belle.

Sur le sommet du mont, dont on a suivi le pied pour aller au temple, on trouve les ruines du théâtre.

Quand on visite un pays que les Grecs ont habité ou colonisé, il suffit de chercher leurs théâtres pour trouver les plus beaux points de vue. S’ils plaçaient leurs temples juste à l’endroit où ils pouvaient donner le plus d’effet, où ils pouvaient le mieux orner l’horizon, ils plaçaient, au contraire, leurs théâtres juste à l’endroit d’où l’œil pouvait le plus être ému par les perspectives.

Celui de Ségeste, au sommet d’une montagne, forme le centre d’un amphithéâtre de monts dont