Page:Maupassant - La Vie errante.djvu/96

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sans un arbuste, et dominant la mer, la plage et le port, trois temples superbes profilent, vus d’en bas, leurs grandes silhouettes de pierre sur le ciel bleu des pays chauds.

Ils semblent debout dans l’air, au milieu d’un paysage magnifique et désolé. Tout est mort, aride et jaune, autour d’eux, devant eux et derrière eux. Le soleil a brûlé, mangé la terre. Est-ce même le soleil qui a rongé ainsi le sol, ou le feu profond qui brûle toujours les veines de cette île de volcans ? Car, partout, autour de Girgenti, s’étend la contrée singulière des mines de soufre. Ici, tout est du soufre, la terre, les pierres, le sable, tout.

Eux, les temples, demeures éternelles des dieux, morts comme leurs frères les hommes, restent sur leur colline sauvage, loin l’un de l’autre d’un demi-kilomètre environ.

Voici d’abord celui de Junon Lacinienne, qui renferma, dit-on, le fameux tableau de Junon par Zeuxis, qui avait pris pour modèles les cinq plus belles filles d’Acragas.

Puis le temple de la Concorde, un des mieux conservés de l’Antiquité, parce qu’il servit d’église au moyen âge.

Plus loin les restes du temple d’Hercule.