Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/111

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dans la cuisine. Et Mélanie de nouveau nous offrit des chaises.

— Je savais bien que ça n’irait pas tout seul, disait-elle. Il faut trouver autre chose, autrement il nous échappera.

Et on recommença à délibérer. Maman avait un avis ; l’abbé en soutenait un autre. J’en apportais un troisième.

Nous discutions à voix basse depuis une demi-heure peut-être quand un grand bruit de meubles remués et des cris poussés par mon oncle, plus véhéments et plus terribles encore que les premiers, nous firent nous dresser tous les quatre.

Nous entendions à travers les portes et les cloisons : « Dehors... dehors... manants... cuistres... dehors gredins... dehors... dehors ...»

Mélanie se précipita, puis revint aussitôt m’appeler à l’aide. J’accourus. En face de mon oncle soulevé par la colère, presque debout et vociférant, deux hommes, l’un derrière l’autre, semblaient attendre qu’il fût mort de fureur.

A sa longue redingote ridicule, à ses longs souliers anglais, à son air d’instituteur sans place, à son col droit et à sa cravate blanche, à ses cheveux plats, à sa figure humble de faux prêtre d’une religion bâtarde, je re-