Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/155

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prêtre à gros ventre, avec une poitrine de lutteur, des mains formidables sortant de manches retroussées, un teint rouge et un air brave homme.

Je fis le salut militaire.

— Bonjour, monsieur le curé.

Il avait craint une surprise, une embûche de rôdeurs, et il sourit en répondant :

— Bonjour, mon ami ; entrez.

Je le suivis dans une petite chambre à pavés rouges, où brûlait un maigre feu, bien différent du brasier de Marchas.

Il me montra une chaise, et puis me dit :

— Qu’y a-t-il pour votre service ?

— Monsieur l’abbé, permettez-moi d’abord de me présenter.

Et je lui tendis ma carte. Il la reçut et lut à mi-voix : « Le comte de Garens. » Je repris :

— Nous sommes ici onze, monsieur l’abbé, cinq en grand’garde et six installés chez un habitant inconnu. Ces six-là se nomment Garens, ici présent, Pierre de Marchas, Ludovic de Ponderel, le baron d’Etreillis, Karl Massouligny, le fils du peintre, et Joseph Herbon, un jeune musicien. Je viens, en leur nom et au mien, vous prier de nous faire l’honneur de souper avec nous. C’est un