Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il fut stupéfait. Je triomphais.

Il répétait :

Quatre dames ! Tu dis : quatre dames ?

— Je dis : quatre dames.

— De vraies femmes ?

— De vraies femmes.

— Bigre ! Mes compliments !

— Je les accepte. Je les mérite.

Il quitta son fauteuil, ouvrit la porte et j’aperçus une belle nappe blanche jetée sur une longue table autour de laquelle trois hussards en tablier bleu disposaient des assiettes et des verres.

— Il y aura des femmes ! cria Marchas.

Et les trois hommes se mirent à danser en applaudissant de toute leur force.

Tout était prêt. Nous attendions. Nous attendîmes près d’une heure. Une odeur délicieuse de volailles rôties flottait dans toute la maison.

Un coup frappé contre le volet nous souleva tous en même temps. Le gros Ponderel courut ouvrir, et, au bout d’une minute à peine, une petite bonne Sœur apparut dans l’encadrement de la porte. Elle était maigre, ridée, timide, et saluait coup sur coup les quatre hussards effarés qui la regardaient entrer. Derrière elle, un bruit de bâtons martelait le pavé du vestibule, et dès qu’elle eut