Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/221

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sur le feu, afin de boire du café bien chaud avant de se mettre en route.

Quand l’horloge fit tinter une heure, il se dressa, réveilla Sam, ouvrit la porte et s’en alla dans la direction du Wildstrubel. Pendant cinq heures, il monta, escaladant des rochers au moyen de ses crampons, taillant la glace, avançant toujours et parfois hâlant, au bout de sa corde, le chien resté en bas d’un escarpement trop rapide. Il était six heures environ, quand il atteignit un des sommets où le vieux Gaspard venait souvent à la recherche des chamois.

Et il attendit que le jour se levât.

Le ciel pâlissait sur sa tête ; et soudain une lueur bizarre, née on ne sait d’où, éclaira brusquement l’immense océan des cimes pâles qui s’étendaient à cent lieues autour de lui. On eût dit que cette clarté vague sortait de la neige elle-même pour se répandre dans l’espace. Peu à peu les sommets lointains les plus hauts devinrent tous d’un rose tendre comme de la chair, et le soleil rouge apparut derrière les lourds géants des Alpes bernoises.

Ulrich Kunzi se remit en route. Il allait comme un chasseur, courbé, épiant des traces, disant au chien : « Cherche, mon gros, cherche. »

Il redescendait la montagne à présent,