Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/33

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Mon cher cousin, j’ai un gros service à vous demander.

— Lequel, ma cousine ?

Cela me gêne beaucoup de vous le dire, et pourtant, il le faut. J’ai besoin, absolument besoin, de cinq mille francs.

— Allons donc, vous ?

— Oui, moi, ou plutôt mon mari, qui me charge de les trouver.

J’étais tellement stupéfait, que je balbutiais mes réponses. Je me demandais si vraiment elle ne s’était pas moquée de moi avec le docteur Parent, si ce n’était pas là une simple farce préparée d’avance et fort bien jouée.

Mais, en la regardant avec attention, tous mes doutes se dissipèrent. Elle tremblait d’angoisse, tant cette démarche lui était douloureuse, et je compris qu’elle avait la gorge pleine de sanglots.

Je la savais fort riche et je repris :

— Comment ! votre mari n’a pas cinq mille francs à sa disposition ! Voyons, réfléchissez. Êtes-vous sûre qu’il vous a chargée de me les demander ?

Elle hésita quelques secondes comme si elle eût fait un grand effort pour chercher dans son souvenir, puis elle répondit :

— Oui…, oui… j’en suis sûre.

— Il vous a écrit ?