Page:Maupassant - Le Horla, OC, Conard, 1909.djvu/54

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image, de seconde en seconde. C’était comme la fin d’une éclipse. Ce qui me cachait ne paraissait point posséder de contours nettement arrêtés, mais une sorte de transparence opaque, s’éclaircissant peu à peu.

Je pus enfin me distinguer complètement, ainsi que je le fais chaque jour en me regardant.

Je l’avais vu ! L’épouvante m’en est restée, qui me fait encore frissonner.

20 août. — Le tuer, comment ? puisque je ne peux l’atteindre ? Le poison ? mais il me verrait le mêler à l’eau ; et nos poisons, d’ailleurs, auraient-ils un effet sur son corps imperceptible ? Non... non... sans aucun doute... Alors ?... alors ?...

21 août. — J’ai fait venir un serrurier de Rouen, et lui ai commandé pour ma chambre des persiennes en fer, comme en ont, à Paris, certains hôtels particuliers, au rez-de-chaussée, par crainte des voleurs. Il me fera, en outre, une porte pareille. Je me suis donné pour un poltron, mais je m’en moque !...

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

10 septembre. — Rouen, hôtel continental. C’est fait... c’est fait... mais est-il mort ? J’ai l’âme bouleversée de ce que j’ai vu.

Hier donc, le serrurier avant posé ma persienne et ma porte de fer, j’ai laissé tout