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sauvée

de Clarisse (elle s’appelle Clarisse) : « Monsieur, il me faut une femme de chambre qui ressemble à ça. Je la veux jolie, élégante, fine, propre. Je la paierai ce qu’il faudra. Si ça me coûte dix mille francs, tant pis. Je n’en aurai pas besoin plus de trois mois. »

« Il avait l’air très étonné, cet homme. Il demanda : « Madame la veut-elle irréprochable ? »

« Je rougis, et je balbutiai : « Mais oui, comme probité. »

« Il reprit : « … Et… comme mœurs… » Je n’osai pas répondre. Je fis seulement un signe de tête qui voulait dire : non. Puis, tout à coup, je compris qu’il avait un horrible soupçon, et je m’écriai, perdant l’esprit : « Oh ! Monsieur… c’est pour mon mari… qui me trompe… qui me trompe en ville… et je veux… je veux qu’il me trompe chez moi… vous comprenez… pour le surprendre… »

« Alors, l’homme se mit à rire. Et je compris à son regard qu’il m’avait rendu son estime. Il me trouvait même très forte. J’aurais bien parié qu’à ce moment-là il avait envie de me serrer la main.

« Il me dit : « Dans huit jours, Madame, j’aurai votre affaire. Et nous changerons de sujet s’il le faut. Je réponds du succès. Vous ne me payerez qu’après réussite. Ainsi cette photographie représente la maîtresse de monsieur votre mari ?

« — Oui, Monsieur.