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LE SIGNE

parti sans ça… Donc, j’ai… j’ai… j’ai mis le verrou à la porte du salon… Voilà.

La petite marquise de Rennedon s’était mise à rire, mais à rire follement, la tête dans l’oreiller, secouant son lit tout entier.

Quand elle se fut un peu calmée, elle demanda :

— Et… et… il était joli garçon ?…

— Mais oui.

— Et tu te plains ?

— Mais… mais… vois-tu, ma chère, c’est que… il a dit… qu’il reviendrait demain à la même heure… et j’ai… j’ai une peur atroce… Tu n’as pas idée comme il est tenace… et volontaire… Que faire… dis… que faire ?

La petite marquise s’assit dans son lit pour réfléchir ; puis elle déclara brusquement :

— Fais-le arrêter.

La petite baronne fut stupéfaite. Elle balbutia :

— Comment ? Tu dis ? À quoi penses-tu ? Le faire arrêter ? Sous quel prétexte ?

— Oh ! c’est bien simple. Tu vas aller chez le commissaire ; tu lui diras qu’un monsieur te suit depuis trois mois ; qu’il a eu l’insolence de monter chez toi hier ; qu’il t’a menacée d’une nouvelle visite pour demain, et que tu demandes protection à la loi. On te donnera deux agents qui l’arrêteront.