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UNE FAMILLE

― Voilà mon trou, disait Simon, pour obtenir un compliment.

Je répondis :

— C’est délicieux.

Sur le perron, une dame apparut, parée pour la visite, coiffée pour la visite, avec des phrases prêtes pour la visite. Ce n’était plus la fillette blonde et fade que j’avais vue à l’église quinze ans plus tôt, mais une grosse dame à falbalas et à frisons, une de ces dames sans âge, sans caractère, sans élégance, sans esprit, sans rien de ce qui constitue une femme. C’était une mère, enfin, une grosse mère banale, la pondeuse, la poulinière humaine, la machine de chair qui procrée sans autre préoccupation dans l’âme que ses enfants et son livre de cuisine.

Elle me souhaita la bienvenue et j’entrai dans le vestibule où trois mioches alignés par rang de taille semblaient placés là pour une revue comme des pompiers devant un maire.

Je dis :

― Ah ! ah ! voici les autres ?

Simon, radieux, les nomma « Jean, Sophie et Gontran ».

La porte du salon était ouverte. J’y pénétrai et j’aperçus au fond d’un fauteuil quelque chose qui tremblotait, un homme, un vieux homme paralysé.

Mme Radevin s’avança :