Page:Maupassant - Le Horla, Ollendorff, 1905.djvu/218

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
212
UNE FAMILLE


ô logique, ô sagesse ! À son âge ! Donc, on le privait du seul plaisir qu’il pouvait encore goûter, par souci de sa santé ! Sa santé ! qu’en ferait-il, ce débris inerte et tremblotant ? On ménageait ses jours, comme on dit. Ses jours ? Combien de jours ? Dix, vingt, cinquante ou cent ? Pourquoi ? Pour lui ? ou pour conserver plus longtemps à la famille le spectacle de sa gourmandise impuissante ?

Il n’avait plus rien à faire en cette vie, plus rien. Un seul désir lui restait, une seule joie ; pourquoi ne pas lui donner entièrement cette joie dernière, la lui donner jusqu’à ce qu’il en mourût !

Puis, après une longue partie de cartes, je montai dans ma chambre