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JOSEPH

— Oh ! Andrée !… Et qu’est-ce que tu lui as dit ?

— Moi rien ! Est-ce que je savais quelque chose, puisque j’étais sans connaissance ? Je l’ai remercié. Je lui ai dit de me remettre en voiture ; et il m’a ramenée au château. Mais il a failli verser en tournant la barrière !

— Oh ! Andrée ! Et c’est tout ?…

— C’est tout…

— Tu n’as perdu connaissance qu’une fois ?

— Rien qu’une fois, parbleu ! Je ne voulais pas faire mon amant de ce goujat.

— L’as-tu gardé longtemps après ça ?

— Mais oui. Je l’ai encore. Pourquoi est-ce que je l’aurais renvoyé ? Je n’avais pas à m’en plaindre.

— Oh ! Andrée ! Et il t’aime toujours ?

— Parbleu !

— Où est-il ?

La petite baronne étendit la main vers la muraille et poussa le timbre électrique. La porte s’ouvrit presque aussitôt, et un grand valet entra qui répandait autour de lui une forte senteur d’eau de Cologne.

La baronne lui dit : « Joseph, mon garçon, j’ai peur de me trouver mal, va me chercher ma femme de chambre. »

L’homme demeurait immobile comme un soldat devant un officier, et fixait un regard ardent sur