Page:Maupassant - Le Horla, Ollendorff, 1905.djvu/83

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
le trou

Mme Renard l’interrompit : « Cause toujours ;
rira bien qui rira l’dernier. »

Il se tourna vers elle avec candeur :

— Eh bien, j’peux t’charger puisque t’es pas en cause, toi…

Puis, faisant de nouveau face au président :

— Lors je continue. Donc nous allions à Poissy tous les samedis soir pour y pêcher dès l’aurore du lendemain. C’est une habitude pour nous qu’est devenue une seconde nature, comme on dit. J’avais découvert, voilà trois ans cet été, une place, mais une place ! Oh ! là ! là ! à l’ombre, huit pieds d’eau, au moins, p’t’être dix, un trou, quoi, avec des retrous sous la berge, une vraie niche à poisson, un paradis pour le pêcheur. Ce trou-là, m’sieu l’président, je pouvais le considérer comme à moi, vu que j’en étais le Christophe Colomb. Tout le monde le savait dans le pays,