Page:Maupassant - Le Horla.djvu/264

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table ! les bonnes nuits ! Manger et dormir voilà mon existence ! »

Je le contemplai, cherchant dans cette large figure les traits aimés. L’œil seul n’avait point changé ; mais je ne retrouvais plus le regard et je me disais : « S’il est vrai que le regard est le reflet de la pensée, la pensée de cette tête-là n’est plus celle d’autrefois, celle que je connaissais si bien. »

L’œil brillait pourtant, plein de joie et d’amitié ; mais il n’avait plus cette clarté intelligente qui exprime, autant que la parole, la valeur d’un esprit.

Tout à coup, Simon me dit :

— Tiens, voici mes deux aînés.

Une fillette de quatorze ans, presque femme, et un garçon de treize ans, vêtu en collégien, s’avancèrent d’un air timide et gauche.

Je murmurai : « C’est à toi ? »