Page:Maupassant - Le Horla.djvu/90

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mière clarté des jours d’hiver. Il me semble à cette heure glaciale de l’aube, que ce cri fuyant emporté par des plumes d’une bête est un soupir de l’âme du monde !

Karl disait : « Éteignez le feu. Voici l’aurore. »

Le ciel en effet commençait à pâlir, et les bandes de canards traînaient de longues taches rapides, vite effacées, sur le firmament.

Une lueur éclata dans la nuit, Karl venait de tirer ; et les deux chiens s’élancèrent.

Alors, de minute en minute, tantôt lui et tantôt moi, nous ajustions vivement dès qu’apparaissait au-dessus des roseaux l’ombre d’une tribu volante. Et Pierrot et Plongeon, essoufflés et joyeux, nous rapportaient des bêtes sanglantes dont l’œil quelquefois nous regardait encore.

Le jour s’était levé, un jour clair et