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CLAIR DE LUNE

« Oh ! je me reconnais sans excuse ; je ne me comprends pas moi-même, et je suis folle depuis ce jour. Prends garde, petite, prends garde à toi ; si tu savais comme nous sommes faibles, comme nous cédons, comme nous tombons vite ! Il faut un rien, si peu, si peu, un attendrissement, une de ces mélancolies subites qui vous passent dans l’âme, un de ces besoins d’ouvrir les bras, de chérir et d’embrasser que nous avons toutes, à certains moments.

Tu connais mon mari, et tu sais comme je l’aime ; mais il est mûr et raisonnable, et ne comprend rien à toutes les vibrations tendres d’un cœur de femme. Il est toujours, toujours le même, toujours bon, toujours souriant, toujours complaisant, toujours parfait. Oh ! comme j’aurais voulu quelquefois qu’il me saisît brusquement dans ses bras, qu’il m’embrassât de ces baisers lents et doux qui mêlent deux êtres, qui sont comme de muettes confidences ; comme j’aurais voulu qu’il eût des abandons, des fai-