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L’AMI JOSEPH

Joseph Mouradour, un Méridional, était devenu conseiller général dans son pays. D’allures franches, il parlait vivement et sans retenue, disant toute sa pensée avec ignorance des ménagements. Il était républicain ; de cette race de républicains bons garçons qui se font une loi du sans-gêne et qui posent pour l’indépendance de parole allant jusqu’à la brutalité.

Il vint dans la maison de son ami, et y fut tout de suite aimé pour sa cordialité facile, malgré ses opinions avancées. Mme de Méroul s’écriait : « Quel malheur ! un si charmant homme ! »

M. de Méroul disait à son ami d’un ton pénétré et confidentiel : « Tu ne te doutes pas du mal que vous faites à notre pays. » Il le chérissait cependant ; car rien n’est plus solide que