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ÉTRENNES

ques lignes, un bonjour cordial du 1er janvier.

Donc il s’assit, ouvrit un tiroir, prit dedans une photographie de femme, la regarda quelques secondes, et la baisa. Puis, l’ayant posée à côté de sa feuille de papier, il commença :

« Ma chère Irène, vous avez dû recevoir tantôt le petit souvenir que j’adresse à la femme ; je me suis enfermé ce soir, pour vous dire… »

La plume resta immobile. Jacques se leva et se mit à marcher.

Depuis dix mois il avait une maîtresse, non point une maîtresse comme les autres, une femme à aventures, du monde du théâtre ou de la rue, mais une femme qu’il avait aimée et conquise. Il n’était plus un jeune homme, bien qu’il fût encore un homme jeune, et il regardait la vie sérieusement en esprit positif et pratique.

Donc il se mit à faire le bilan de sa passion comme il faisait, chaque année, la balance des amitiés disparues ou nouvelles, des faits et des gens entrés dans son existence.

Sa première ardeur d’amour s’étant calmée,