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ÉTRENNES

votre mari, mettez les torts de son côté, de telle sorte que votre situation de femme, de femme du monde irréprochable, reste sauve.

Elle demanda en lui jetant un coup d’œil inquiet :

— Alors, que me conseilles-tu ?

— De rentrer chez vous, et d’y supporter la vie jusqu’au jour où vous pourrez obtenir soit une séparation, soit un divorce, avec les honneurs de la guerre.

— N’est-ce pas un peu lâche, ce que vous me conseillez-là ?

— Non, c’est sage et raisonnable. Vous avez une haute situation, un nom à sauvegarder, des amis à conserver et des parents à ménager. Il ne faut point l’oublier et perdre tout cela par un coup de tête.

Elle se leva, et, avec violence : — « Eh bien, non, je ne peux plus, c’est fini, c’est fini, c’est fini ! »

Puis, posant ses deux mains sur les épaules de son amant et le regardant au fond des yeux :

— M’aimes-tu ?

— Oui.