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PAR UN SOIR DE PRINTEMPS

ges comme si elle eût pleuré. Jacques et sa fiancée n’y prirent point garde. Mais le jeune homme aperçut les fins souliers de la jeune fille tout couverts d’eau. Il fut saisi d’inquiétude et demanda tendrement :

— N’as-tu point froid à tes chers petits pieds ?

Et tout à coup les doigts de la tante furent secoués d’un tremblement si fort que son ouvrage s’en échappa ; la pelote de laine roula au loin sur le parquet, et cachant brusquement sa figure dans ses mains, la vieille fille se mit à pleurer par grands sanglots convulsifs.

Les deux enfants s’élancèrent vers elle ; Jeanne, à genoux, écarta ses bras, bouleversée, répétant :

— Qu’as-tu, tante Lison ? Qu’as-tu, tante Lison ?…