Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson, OC, Conard, 1909.djvu/146

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les poules avec des manières de chanteur en scène.

Benoist s’appuya contre le pilier et il se sentit soudain repris par une grosse envie de pleurer. Mais, tout à coup, il entendit un cri, un grand cri d’appel qui sortait de la maison. Il demeura éperdu, les mains crispées sur les barres de bois, écoutant toujours. Un autre cri, prolongé, déchirant, lui entra dans les oreilles, dans l’âme et dans la chair. C’était elle qui criait comme ça ! Il s’élança, traversa la prairie, poussa la porte et il la vit, étendue par terre, crispée, la figure livide, les yeux hagards, saisie par les douleurs de l’enfantement.

Alors il resta debout, plus pâle et plus tremblant qu’elle, balbutiant :

— Me v’là, me v’là, la Martine.

Elle répondit, en haletant :

— Oh ! ne me quittez point, ne me quittez point, Benoist.

Il la regardait, ne sachant plus que dire, que faire. Elle se remit à crier :

— Oh ! oh ! ça me déchire ! Oh ! Benoist ?

Et elle se tordait affreusement.

Soudain, un besoin furieux envahit Benoist de la secourir, de l’apaiser, d’oter son mal. Il se pencha, la prit, l’enleva, la porta sur son