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CELLES QUI OSENT.

femmes. Quelles choses, d’ailleurs ? Il en existe donc ? Des choses mystérieuses, honteuses et bonnes, sans doute, puisqu’on en parle tout bas avec un air excité. Les filles, paraît-il, tiennent leurs amants au moyen de pratiques obscènes et puissantes.

Quant au mari qui les connaît bien, ces choses, il n’ose pas les révéler à sa femme dans le mystère du tête-à-tête nocturne, parce qu’une femme épousée c’est différent d’une maîtresse, sacrebleu ! et parce qu’un homme doit respecter sa femme qui est ou qui sera la mère de ses enfants. Alors, comme il ne veut pas renoncer aux choses qu’il n’ose point faire légitimement, il va chez quelque impure et s’en donne.

Mais la femme commence à se tenir des raisonnements d’un bon sens simple et net. — On ne vit pas deux fois. — La vie est courte. — Une femme, mariée à vingt ans, est mûre à trente et avancée à quarante. — Or si on ne fait rien, si on ne connaît rien, si on ne jouit de rien avant cette limite, ce sera fini pour toujours. Les joies conjugales sont épuisées. Elle en est lasse, écœurée. — Alors — alors — un amant ?… — Pourquoi pas ? — Ces choses, celles qu’on ose dans l’adul-