Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/107

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en étonner et de nous dire : « Comment ! elle m’a joué si bêtement que ça ? »

Et elles réussissent toujours, mon bon, surtout quand il s’agit de se faire épouser.

Mais voici l’histoire de Summer.

La petite femme est un modèle, bien entendu. Elle posait chez lui. Elle était jolie, élégante surtout, et possédait, paraît-il, une taille divine. Il devint amoureux d’elle, comme on devient amoureux de toute femme un peu séduisante qu’on voit souvent. Il s’imagina qu’il l’aimait de toute son âme. C’est là un singulier phénomène. Aussitôt qu’on désire une femme, on croit sincèrement qu’on ne pourra plus se passer d’elle pendant tout le reste de sa vie. On sait fort bien que la chose vous est déjà arrivée ; que le dégoût a toujours suivi la possession ; qu’il faut, pour pouvoir user son existence à côté d’un autre être, non pas un brutal appétit physique, bien vite éteint, mais une accordance d’âme, de tempérament et d’humeur. Il faut savoir démêler, dans la séduction qu’on subit, si elle vient de la forme corporelle,