Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/304

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vous autres hommes, un tel mépris et un tel dégoût qu’une chute est impossible pour moi. Acceptez-vous ? »

Je lui baisai la main.

— Quand partons-nous, madame ?

— Le 10 mai. C’est entendu ?

— C’est entendu.

Un mois plus tard, je m’installais chez elle. C’était vraiment une singulière femme. Du matin au soir, elle m’étudiait. Comme elle adore les chevaux, nous passions chaque jour des heures à nous promener par les bois, en parlant de tout, car elle cherchait à pénétrer mes plus intimes pensées autant qu’elle s’efforçait d’observer jusqu’à mes moindres mouvements.

Quant à moi, je devenais follement amoureux et je ne m’inquiétais nullement de l’accord de nos caractères. Je m’aperçus bientôt que mon sommeil lui-même était soumis à une surveillance. Quelqu’un couchait dans une petite chambre à côté de la mienne, où l’on n’entrait que fort tard et avec des précautions infinies. Cet espionnage