Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/42

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nuit des ruisseaux et des prairies ; le soleil touchait à l’horizon ; les vaches beuglaient au loin dans les brumes des pâturages. C’était fini : on redescendait vers Gisors. Le cortège, rompu maintenant, marchait en débandade. Mme Husson avait pris le bras d’Isidore et lui faisait des recommandations nombreuses, pressantes, excellentes.

Ils s’arrêtèrent devant la porte de la fruitière, et le Rosier fut laissé chez sa mère.

Elle n’était point rentrée. Invitée par sa famille à célébrer aussi le triomphe de son fils, elle avait déjeuné chez sa sœur, après avoir suivi le cortège jusqu’à la tente du banquet.

Donc Isidore resta seul dans la boutique où pénétrait la nuit.

Il s’assit sur une chaise, agité par le vin et par l’orgueil, et regarda autour de lui. Les carottes, les choux, les oignons répandaient dans la pièce fermée leur forte senteur de légumes, leur aromes jardiniers et rudes, auxquels se mêlaient une douce et pénétrante odeur de fraises et le