Page:Maupassant - Le Rosier de Madame Husson.djvu/82

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Je ne cédai pas : « Eh bien, monsieur, nous sommes seuls sur la plage, et voilà tout. »

Décidément, cela ne lui plaisait pas. Il dit pourtant : « Soit, puisque vous le désirez. »

La nuit était magnifique, une de ces nuits qui vous font passer dans l’âme des idées grandes et vagues, plutôt des sensations que des pensées, avec des envies d’ouvrir les bras, d’ouvrir les ailes, d’embrasser le ciel, que sais-je ? On croit toujours qu’on va comprendre des choses inconnues.

Il y a dans l’air du Rêve, de la Poésie pénétrante, du bonheur d’autre part que de la terre, une sorte d’ivresse infinie qui vient des étoiles, de la lune, de l’eau argentée et remuante. Ce sont là les meilleurs instants qu’on ait dans la vie. Ils font voir l’existence différente, embellie, délicieuse ; ils sont comme la révélation de ce qui pourrait être… ou de ce qui sera.

Cependant mon mari paraissait impatient de rentrer. Je lui disais : « As-tu froid ? — Non. — Alors regarde donc ce petit bateau là-bas, qui