Page:Maupassant - Les Poètes français du XVIe siècle, paru dans La Nation, 17 janvier 1877.djvu/7

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Généralement, à l’origine des littératures, domine une simplicité naïve : chez nous ce fut l’effronterie cynique qui était dans les mœurs. On dirait que notre poésie n’a vu le jour que parce qu’elle prêtait un tour ingénieux aux contes érotiques et à la galanterie ; elle n’est guère sortie de là pendant plus d’un siècle. Sans doute, aussi, les poètes éprouvaient un besoin vague de faire des vers ; pris d’attendrissement devant un beau jour de printemps, ils rimaient interminablement sur des rythmes élégants, une kyrielle de strophes aimables qui n’ont qu’un défaut, celui de finir sans raison, comme elles avaient commencé. En effet, on peut continuer indéfiniment de telles variations ; lorsqu’on a passé en revue toutes les fleurs, les plantes et les arbres, depuis la « rose vermillonnette, nouvelette, l’aubépine et l’églantin et le thym », ainsi que tous les oiseaux à commencer par le « gentil rossignolet, nouvelet », il reste encore à parler d’un nombre de choses incalculable qu’il faudrait des années pour énumérer.