Page:Maupassant - Les Sœurs Rondoli.djvu/37

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Je demandai : « Vous vous appelez Francesca ? »

Elle fit « oui » de la tête, sans répondre.

Je repris : « Nous allons souper tout à l’heure. En attendant, vous avez peut-être envie de faire votre toilette ? »

Elle répondit par un « mica », mot aussi fréquent dans sa bouche que le « che mi fa ? » J’insistai : « Après un voyage en chemin de fer, il est si agréable de se nettoyer. »

Puis je pensai qu’elle n’avait peut-être pas les objets indispensables à une femme, car elle me paraissait assurément dans une situation singulière, comme au sortir de quelque aventure désagréable, et j’apportai mon nécessaire.

J’atteignis tous les petits instruments de propreté qu’il contenait : une brosse à ongles, une brosse à dents neuve, — car j’en emporte toujours avec moi un assortiment, — mes ciseaux, mes limes, des éponges. Je débouchai un flacon d’eau de lavande ambrée, un petit flacon de new-mown-hay, pour lui laisser le choix. J’ouvris ma boîte à poudre de riz où baignait la houppe légère. Je plaçai une de mes serviettes fines à cheval sur le pot à eau et je posai un savon vierge auprès de la cuvette.