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les dimanches d’un bourgeois de paris

ses murailles toute la colonne de Juillet. Alors, monsieur, la troupe aurait donné l’assaut ; ça aurait été un beau spectacle et un enseignement en même temps de voir l’armée renverser elle même les remparts de la tyrannie. Puis on l’aurait incendiée, cette Bastille ; et au milieu des flammes serait apparue la colonne avec le génie de la Liberté, symbole d’un ordre nouveau et de l’affranchissement des peuples.

Tout le monde, cette fois, l’écoutait sur l’impériale, trouvant son idée excellente. Un vieillard affirma :

— C’est une grande pensée, monsieur, et qui vous fait honneur. Il est regrettable que le gouvernement ne l’ait pas adoptée.

Un jeune homme déclara qu’on devrait faire réciter, dans les rues, les Iambes de Barbier, par des acteurs, pour apprendre simultanément au peuple l’art et la liberté.

Ces propos excitaient l’enthousiasme. Chacun voulait parler ; les cervelles s’exaltaient. Un orgue de Barbarie, en passant, jeta une phrase de la Marseillaise ; l’ouvrier entonna les paroles,