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les dimanches d’un bourgeois de paris

par économie dans le même logement, et nous y vivions tranquilles, lorsque advint l’aventure que je vais vous raconter.

Un soir, comme je rentrais chez moi, je fis la rencontre, sur le trottoir, d’une jeune dame qui me plut beaucoup. Elle répondait à mes goûts : un peu forte, monsieur, et l’air bon enfant. Je n’osai pas lui parler, bien entendu, mais je lui adressai un regard significatif. Le lendemain, je la retrouvai à la même place ; alors, comme j’étais timide, je fis un salut seulement ; elle y répondit par un petit sourire ; et, le jour d’après, je l’abordai.

Elle s’appelait Victorine, et elle travaillait à la couture dans un magasin de confections. Je sentis bien tout de suite que mon cœur était pris.

Je lui dis : — Mademoiselle, il me semble que je ne pourrai plus vivre loin de vous. Elle baissa les yeux sans répondre ; alors je lui saisis la main, et je sentis qu’elle serrait la mienne. J’étais pincé, monsieur ; mais je ne savais comment m’y prendre, à cause de mon frère. Ma foi, je me décidais à tout lui dire, quand il