Page:Maupassant - Les dimanches d'un bourgeois de Paris - Ollendorff, 1906.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
131
une triste histoire

comme une tempête sous le drap ! Ça remuait, ça remuait ; elle ne pouvait pas se dégager. Enfin, elle apparut, presque tout entière d’un seul coup, avec des yeux comme des lanternes ; et elle regardait mon oncle qui s’éloignait à reculons, la bouche ouverte, et soufflant, monsieur, comme s’il allait se trouver mal !

Alors, je perdis tout à fait la tête, et je m’enfuis…… J’errai pendant six jours, monsieur, n’osant pas rentrer chez moi. Enfin, quand je m’enhardis à revenir, il n’y avait plus personne… »

Patissot, qu’un grand rire secouait, lâcha un : « Je le crois bien ! » qui fit taire son voisin.

Mais, au bout d’une seconde, le bonhomme reprit :

— Je n’ai jamais revu mon oncle, qui m’a déshérité, persuadé que je profitais des absences de mon frère pour exécuter mes farces.

Je n’ai jamais revu Victorine. Toute ma famille m’a tourné le dos ; et mon frère lui-même, qui a profité de la situation, puisqu’il a touché cent mille francs à la mort de mon