Page:Maupassant - Les dimanches d'un bourgeois de Paris - Ollendorff, 1906.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
les dimanches d’un bourgeois de paris

Patissot, en effet, nageait dans le bonheur ; et il pensait à ces canotiers stupides, qui, sans jamais sentir le charme pénétrant des berges et la grâce frêle des roseaux, vont toujours, essoufflés, suant et abrutis d’exercice, du caboulot où l’on déjeune au caboulot où l’on dîne.

Mais, à force d’être bien, il s’endormit. Quand il se réveilla…, il était seul. Il appela d’abord ; personne ne répondit. Inquiet, il monta sur la rive, craignant déjà qu’un malheur ne fût arrivé.

Alors, tout là-bas, et venant vers lui, il vit une yole mince et longue que quatre rameurs pareils à des nègres faisaient filer, ainsi qu’une flèche. Elle approchait, courant sur l’eau : une femme tenait la barre… Ciel !… on dirait… C’était elle !… Pour régler le rythme des rames, elle chantait de sa voix coupante une chanson de canotiers qu’elle interrompit un instant quand elle fut devant Patissot. Alors, envoyant un baiser des doigts, elle lui cria :

— Gros serin, va !