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un dîner et quelques idées

— Moi aussi, j’en ai, messieurs, j’en ai de très arrêtés.

M. Patissot releva la tête, et, froidement :

— Je serais heureux de les connaître, monsieur.

M. Rade ne se fit pas prier :

— Les voici, monsieur.

1er principe. — Le gouvernement d’un seul est une monstruosité.

2e principe. — Le suffrage restreint est une injustice.

3e principe. — Le suffrage universel est une stupidité.

En effet, livrer des millions d’hommes, des intelligences d’élite, des savants, des génies même, au caprice, au bon vouloir d’un être qui, dans un moment de gaieté, de folie, d’ivresse ou d’amour, n’hésitera pas à tout sacrifier pour sa fantaisie exaltée, dépensera l’opulence du pays péniblement amassée par tous, fera hacher des milliers d’hommes sur les champs de bataille, etc., etc., me paraît être, à moi, simple raisonneur, une monstrueuse aberration.