Page:Maupassant - Les dimanches d'un bourgeois de Paris - Ollendorff, 1906.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
les dimanches d’un bourgeois de paris

Parissot fut délicieusement ému quand il se trouva seul, sous l’ombre touffue du bois, à cette heure langoureuse du crépuscule, avec cette petite femme inconnue qui s’appuyait à son bras. Et, pour la première fois de sa vie égoïste, il pressentit le charme des poétiques amours, la douceur des abandons, et la participation de la nature à nos tendresses qu’elle enveloppe. Il cherchait des mots galants qu’il ne trouvait pas, d’ailleurs. Mais une grand’route se montra, des maisons apparurent à droite ; un homme passa. Patissot, tremblant, demanda le nom du pays. « Bougival. — Comment ! Bougival ? vous êtes sûr ? — Parbleu ! j’en suis. »

La femme riait comme une petite folle. — L’idée de son mari perdu la rendait malade de rire. — On dîna au bord de l’eau, dans un restaurant champêtre. Elle fut charmante, enjouée, racontant mille histoires drôles, qui tournaient un peu la cervelle de son voisin. — Puis, au départ, elle s’écria : « Mais j’y pense, je n’ai pas le sou, puisque mon mari a perdu son portefeuille. » — Patissot s’empressa, ouvrit sa