Page:Maupassant - Les inconnues, paru dans Gil Blas, 16 octobre 1883.djvu/4

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et morne de la famille, dans la petite maison de la petite ville, soumise aux habitudes odieuses et régulières de chaque jour, aux conversations banales du mari que ses affaires seules préoccupent, elle halète dévorée de désirs, assoiffée d’inconnu. Elle se dit : « Quoi ! ce serait toujours ainsi, toujours, jusqu’à la mort ? Non, ce n’est pas possible. »

Elle lit des vers, des romans ! Elle aime, sans les connaître ceux qui lui rendent moins tristes les heures, qui font passer quelques songes dans son existence misérable. Un écrivain surtout la fait palpiter, répond par la nature même de son talent à ses intimes et secrètes convoitises. Elle lui écrit ! S’il répondait ? Il répond. — La suite au prochain voyage à Paris.

2e groupe. — La châtelaine qui s’ennuie. Les gentilshommes chasseurs de son entourage l’écœurent, car elle a une âme qu’elle juge distinguée. Il faut quelqu’un de supérieur pour la comprendre. Elle le