Page:Maupassant - Les masques, paru dans Gil Blas, 5 juin 1883.djvu/3

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prenant tous leurs sujets, toutes leurs combinaisons, tous leurs menus détails dans la vie, ne peuvent que s’inspirer des faits dont ils sont témoins. Si le hasard les met en présence de quelque histoire fort ridicule, de quelque situation dramatique, ou même de quelqu’une de ces infamies que la loi ne peut atteindre, que l’opinion publique complaisante laisse passer, que tolère la morale hypocrite du monde, n’ont-ils pas le droit, presque le devoir, de s’en emparer, et n’est-ce pas tant pis pour ceux dont sont dévoilés ainsi les défauts grotesques, les vices ou les turpitudes.

En général les romanciers défendent, non sans raison leur droit de se servir de tout spectacle humain qui leur passe sous les yeux.

Mais les gens du monde, menacés de voir ainsi déchirer les apparences dont ils se couvrent si facilement, crient à l’infamie et se révoltent même dès qu’ils retrouvent dans un livre ; sans désignation de personnes, une des choses un peu honteuses qu’on fait tous les jours mais qu’on