Page:Maupassant - Les vieilles, paru dans Le Gaulois, 25 juin 1882.djvu/3

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ques, le petit duvet impalpable semé sur le coin des lèvres, et le petit pli des sourires, et l’insoutenable caresse de leur regard ; ceux qui voudraient pouvoir aimer toutes les femmes — non pas une, mais toutes, avec leurs séductions opposées, leurs grâces différentes et leurs charmes variés doivent infailliblement adorer les vieilles.

La vieille n’est plus une femme, mais elle semble être toute l’histoire de la femme ; elle devient un peu ce que sont pour nous les antiques et beaux objets qui nous rappellent toute une époque ancienne. Faite libre par ses cheveux blancs d’où la poudre s’envole, elle ose parler de tout, des choses mystérieuses et chères qui restent comme un éternel secret entre les jeunes et nous, de ce sous-entendu charmant dont les yeux, les sourires, toute l’attitude semblent jaser quand nous nous trouvons en face d’Elles, qui que nous soyons, et quelles