Page:Maupassant - Louis Bouilhet, paru dans Le Gaulois, 21 août 1882.djvu/4

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se mit à déclamer les vers de Melœnis, des vers charmants, sonores, amoureux, caressant l’oreille et la pensée comme font tous les beaux vers.

Le soir même j’achetais Festons et Astragales. Et pendant un mois je restai grisé de cette vibrante et fine poésie.



Tout jeune encore je n’osais demander à Flaubert, dont je n’approchais alors qu’avec un respect craintif, de m’introduire chez Bouilhet. Je résolus d’y aller seul.

Il habitait rue Bihorel, une de ces interminables rues des banlieues provinciales qui vont de la ville à la campagne. Par un bout elles plongent dans la foule des maisons, et par l’autre, elles se perdent, s’effacent dans les premiers champs d’avoine ou de blé. Elles sont faites de murs et de haies enfermant des jardins tantôt petits, tantôt très grands, et les demeures sont plantées au fond de ces enclos, loin de la rue.

Je tirai un fil de fer pendu contre une