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M. VICTOR CHERBULIEZ



On ne parle guère du dernier livre de M. Victor Cherbuliez : La Ferme du Choquard. Cet ouvrage vaut bien pourtant, à certains égards, qu’on le lise et qu’on l’analyse.

M. Cherbuliez est entré à l’Académie à l’ancienneté. Il méritait cet honneur. Il a su créer une langue dans la langue. Il emploie, il est vrai, des mots français selon les formes grammaticales, et cependant son style semble d’autre part que de France. L’étonnement qu’on ressent d’abord en ouvrant cet auteur s’apaise bientôt, on comprend qu’il se sert d’un français d’outre-monts, du français de son pays, car il est Suisse. Il nous révèle le suisse, langue molle, douceâtre, sans odeur ni saveur. Les livres de cet écrivain pondéré pourront être plus tard d’une inestimable valeur pour les philologues.

À ce titre, La Ferme du Choquard peut être placée au premier rang, comme mo-