Page:Maupassant - Madeleine-Bastille, paru dans Le Gaulois, 9 novembre 1880.djvu/3

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Nous autres, Parisiens, qui adorons Paris sous tous ses aspects, dans toutes ses grandeurs, avec tous ses charmes et même tous ses vices, nous aimons par-dessus tout le boulevard. Nous en connaissons chaque maison, chaque boutique, chaque étalage, et les figures des personnes qui, chaque soir, y reviennent de cinq à six sont familières à nos yeux.

Mais alors, en recommençant tous les jours la même promenade, à la même heure, et en revoyant les mêmes visages, j’ai pensé à ceux qui faisaient avec nous ce voyage si court, et pourtant si varié, puis à ceux qui les avaient précédés, et puis aux autres, venus encore avant. J’ai songé à tous les hommes, à toutes les choses, à tous les événements, à toutes les gloires, à tous les crimes qui ont passé avant nous sur cette longue avenue, et une envie violente m’a pris de connaître un peu l’histoire du boulevard.

Elle serait interminable, universelle ! Je n’en pourrai donc noter que certains points que je vous dédie, ô boulevardiers !