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LA RELIQUE

« Êtes-vous bien sûr qu’elle soit authentique ?

— Absolument certain.

— Comment cela ? »

J’étais pris. Avouer que j’avais acheté cet ossement à un marchand courant les rues, c’était me perdre. Que dire ? Une idée folle me traversa l’esprit ; je répondis à voix basse, d’un ton mystérieux :

« Je l’ai volée pour vous. »

Elle me contempla avec ses grands yeux émerveillés et ravis. « Oh ! vous l’avez volée. Où çà ? — Dans la cathédrale, dans la châsse même des onze mille vierges ». Son cœur battait ; elle défaillait de bonheur ; elle murmura :

« Oh ! vous avez fait cela… pour moi. Racontez… dites-moi tout ! »

C’était fini, je ne pouvais plus reculer. J’inventai une histoire fantastique avec des détails précis et surprenants. J’avais donné cent francs au gardien de l’édifice pour le visiter seul ; la châsse était en réparation, mais je tombais juste à l’heure du déjeuner des ouvriers et du clergé ; en enlevant un panneau que je recollai ensuite soigneusement, j’avais pu saisir un petit os (oh ! si petit) au milieu d’une quantité d’autres (je dis une quantité en songeant à ce que