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une ruse

la maison dormante ; puis Jean parut, tenant une lettre qui disait : « Mme Lelièvré prie avec instance M. le docteur Siméon de passer chez elle immédiatement. »

« Je réfléchis quelques secondes ; je pensais : Crise de nerfs, vapeurs, tralala, je suis trop fatigué. Et je répondis : « Le docteur Siméon, fort souffrant, prie Mme Lelièvre de vouloir bien appeler son confrère M. Bonnet. »

« Puis, je donnai le billet sous enveloppe et je me rendormis.

« Une demi-heure plus tard environ, la sonnette de la rue appela de nouveau, et Jean vint me dire : « C’est quelqu’un, un homme ou une femme (je ne sais pas au juste, tant il est caché) qui voudrait parler bien vite à monsieur. Il dit qu’il y va de la vie de deux personnes. »

« Je me dressai. « Faites entrer ».

« J’attendis, assis dans mon lit.

« Une espèce de fantôme noir apparut et, dès que Jean fut sorti, se découvrit. C’était Mme Berthe Lelièvre, une toute jeune femme, mariée depuis trois ans avec un gros commerçant de la ville qui passait pour avoir épousé la plus jolie personne de la province.