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le remplaçant

toujours pas. J’en avais la sueur au front. Alors je retirai mon casque oùsqu’était mon mouchoir. Elle le prit, mon mouchoir, et m’essuya les cheveux des tempes. Puis v’là qu’ell’ m’embrasse et qu’ell’ me souffle dans l’oreille :

« Alors, tu veux bien ? »

Je répondis : « Je veux bien ce que vous voudrez, madame, puisque je suis venu pour ça. »

Alors ell’ se fit comprendre ouvertement par des manifestations. Quand j’vis de quoi il s’agissait, je posai mon casque sur une chaise ; et je lui montrai que dans les dragons on ne recule jamais, mon cap’taine.

Ce n’est pas que ça me disait beaucoup, car la particulière n’était pas dans sa primeur. Mais y ne faut pas se montrer trop regardant dans le métier, vu que les picaillons sont rares. Et puis on a de la famille qu’il faut soutenir. Je me disais : « Y aura cent sous pour le père, là-dessus. »

Quand la corvée a été faite, mon cap’taine, je me suis mis en position de me retirer. Elle aurait bien voulu que je ne parte pas sitôt. Mais je lui dis : « Chacun son dû, madame. Un p’tit verre ça coûte deux sous, et deux p’tits verres, ça coûte quatre sous. »

Ell’ comprit bien le raisonnement et me mit un