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le remplaçant

avait été pour moi, j’aurais rien dit, mais c’était pour le père ; et là-dessus, pas de blague.

Je lui dis :

« T’es pas délicat dans tes procédés, pour un dragon, que tu déconsidères l’uniforme. »

Il a levé la main, mon cap’taine, en disant que c’te corvée-là, ça valait plus du double.

Chacun son jugement, pas vrai ? Fallait point qu’il accepte. J’y ai mis mon poing dans le nez. Vous avez connaissance du reste.

Le capitaine d’Anglemare riait aux larmes en me disant l’histoire. Mais il m’a fait aussi jurer le secret qu’il avait garanti aux deux soldats. Surtout, n’allez pas me trahir, gardez ça pour vous, vous me le promettez ?

— Oh ! ne craignez rien. Mais comment tout cela s’est-il arrangé en définitive ?

— Comment ? Je vous le donne en mille !… La mère Bonderoi garde ses deux dragons, en leur réservant chacun leur jour. De cette façon, tout le monde est content.

— Oh ! elle est bien bonne, bien bonne !

— Et les vieux parents ont du pain sur la planche. La morale est satisfaite.