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MADAME BAPTISTE

sa gouvernante, comme si on l’eût gardée à vue dans la crainte incessante de quelque nouvelle et terrible
aventure, quand elle passait dans la rue, les yeux toujours baissés sous la honte mystérieuse qu’elle sentait peser sur elle, les autres jeunes filles, moins naïves qu’on ne pense, chuchotaient en la regardant sournoisement, ricanaient en dessous, et détournaient bien vite la tête d’un air distrait, si par hasard elle les fixait.

« On la saluait à peine. Seuls, quelques hommes se découvraient. Les mères feignaient de ne pas l’avoir aperçue. Quelques petits voyous l’appelaient « madame Baptiste », du nom du valet qui l’avait outragée et perdue.

« Personne ne connaissait les tortures secrètes de son âme ; car elle ne parlait guère et ne riait jamais. Ses