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LE LIT.

souffle en ce lit. Car il est aussi le tombeau des espérances finies, la porte qui ferme tout après avoir été celle qui ouvre le monde. Que de cris, que d’angoisses, de souffrances, de désespoirs épouvantables, de gémissements d’agonie, de bras tendus vers les choses passées, d’appels aux bonheurs terminés à jamais ; que de convulsions, de râles, de grimaces, de bouches tordues, d’yeux retournés, dans ce lit, où je vous écris, depuis trois siècles qu’il prête aux hommes son abri !

« Le lit, songez-y, c’est le symbole de la vie ; je me suis aperçue de cela depuis trois jours. Rien n’est excellent hors du lit.

« Le sommeil n’est-il pas encore un de nos instants les meilleurs ?

« Mais c’est aussi là qu’on souffre ! Il est le refuge des malades, un lieu de douleurs aux corps épuisés.

« Le lit, c’est l’homme. Notre Seigneur